J’ai mal à mon Maroc

Par Don Koufra

En football, si le fond avait un nom, il s’appellerait République Centre Africaine. Ce soir, le Maroc l’a touché.

L’équipe nationale du Maroc a contesté avec acharnement et pendant 90 minutes le titre de plus mauvaise nation du football détenu par les centrafricains depuis quelques années.

0-0, score final. Les lions peuvent aller se cacher dans l’Atlas.

Plus sérieusement, et presque sans exagération, ce match est une catastrophe.

J’aimerais vous proposer une analyse du match, mais par où commencer ?

Aligner 3 milieux défensifs pour faire face à une nation-schtroumpf du foot ? On ne demande pas l’audace d’un grand entraîneur, mais simplement le minimum de bon sens tactique requis.

Et ce jeu en kick and rush ? On joue contre des centre africains, avec une présence physique intéressante, dix joueurs regroupés dans leur moitié et un gardien bien présent dans les airs et on continue d’abuser des ballons aériens en profondeur, au lieu de faire jouer notre supériorité technique en écartant les positions centrafricaines et en passant par les côtés ?

Au-delà des lacunes tactiques criantes, on peut bien évidemment aussi pointer du doigt les individualités faiblissimes. La palme revient aux arrières latéraux. Ils étaient légion en 98, avec des Saber, Hadrioui, Abrami… aujourd’hui, Mahdoufi a été calamiteux, oubliant son ABC du foot ; conduite de balle inquiétante, apport offensif inexistant, et absence défensive. Son compère du côté droit, Chretien Basser, n’a pas été meilleur. Benzoukan ne servait à rien sur le terrain et Benattia devra relever son niveau et abuser un peu moins des ballons balancés en profondeur pour personne, s’il veut continuer à nous faire croire qu’il peut un jour être le Naybet qu’on attend. Rêvons.

Au milieu, nos trois milieux défensifs se sont marchés dessus. Alors qu’on s’attendait à une présence écrasante au milieu de terrain, ces joueurs n’ont touché que peu de ballons, ne créant quasiment aucune fois le danger. Ahmadi semblait jouer au ralenti et Hermache n’a eu aucun volume de jeu, aucune présence dans l’entrejeu en seconde période. Berrabeh, comme nous, semblait ne pas très bien avoir compris où se positionner sur le terrain…

Devant, Chamakh a peut être montré plus de combativité que lors de ces autres matchs nationaux, mais on attendait beaucoup plus de sa part face à un stoppeur évoluant en CFA !! Boussoufa représentait la seule source de danger bal au pied, mais ses nombreux centres perdus et ses coups francs vendangés bêtement ne peuvent décemment pas lui être pardonnés.

Hamdaoui, auteur de 4 buts en 4 journées de championnat avec l’Ajax a été, une fois de plus, médiocre avec les lions. Son attitude sur le terrain est détestable ; lui qui joue en second attaquant aux Pays-Bas se battant pour aller chercher des ballons, s’est contenté ce soir de regarder faire Chamakh et de bouder à sa sortie du terrain. L’entrée de El Arabi à sa place a apporté quelque peu de fraîcheur et de percussion balle au pied. Cependant, le changement, comme celui de Hadji s’est fait poste pour poste, en maintenant la même tactique tout au long du match… des ballons en profondeur pour le jeune gardien de 21 ans ; à un moment où nous étions en droit d’attendre un peu d’intelligence tactique.

De l’autre côté du terrain, Nadir, le gardien des lions a fait le travail se rendant décisif à deux occasions en première période.

Quant au public, il ne s’est pas trompé en boudant ce match ! On n’en attendait pas davantage d’un public rbati connu pour sa léthargie ; et la fédé ne pourra pas éternellement éviter la colère de Casa. A un moment où un autre, il faudra que les lions foulent la pelouse de la cité du football pour recevoir le jugement d’un public passionné. Et ce jour là, ils auront intérêt à montrer un visage tout autre. On aimerait compter sur Gerets pour cela, mais là encore c’est une autre histoire…

La dette du football marocain vis-à-vis de ses supporters commence a être extrêmement lourde et, malgré son salaire de fou, Gerets n’aura peut être pas les moyens de régler la note à lui seul.

Quoiqu’il en soit, Gerets ou pas, collectif mal rodé ou pas, joueurs démotivés ou pas, ce soir l’équipe nationale du Maroc n’avait pas le droit de laisser filer deux points d’une facilité horrifiante. C’est tout ce qu’on retiendra.

Pour l’anecdote, il semblerait que le plus grand perdant de ce match soit sans doute Rabah Saadane, le sélectionneur algérien qui vient de quitter son poste… s’il avait su que le Maroc ferait un tel cadeau aux algériens, il aurait sans doute réfléchi deux fois avant de claquer sa démission juste après son match !