Côté tribunes, épisode 2: Angleterre-Algérie

4 07 2010

Par Don Koufra

Le stade de Capetown vu de Table Mountain

Un mondial, ça se passe bien entendu sur le terrain, mais également dans les tribunes et les rues qui mènent au stade.
Don Koufra, qui a suivi 5 matchs d’équipes africaines plus un match de l’Espagne, vous fait partager son vécu. Le mondial, comme si vous y étiez.

L’Espoir Fait Vivre

Si les portugais n’en avaient pas déjà eu l’idée en 1488, c’est moi qui aurais nommé ce lieu le Cap de Bonne Espérance.

Car c’est avec une bonne dose d’espoir que je me dirige vers la ville près de laquelle se rencontrent les océans Indien et Atlantique ; la ville où devrait commencer mon Mondial.

La route qui sépare Port Elizabeth de Cape Town est magnifique. La Garden Road, comme on l’appelle ici, voit s’alterner plages de sable blanc, parcs naturels verdoyants et petites villes de charme.

C’est justement dans l’une de ces petites villes que j’arrête le véhicule pour casser la croûte : Knysna.

Le nom vous dit quelque chose ? Ne cherchez plus, la ville n’est pas connue à l’international grâce à ses plages, ni son golf, ni le fait d’accueillir l’équipe du Danemark… Knysna est connue pour son hotel Pesula.  Et Pesula est connu pour héberger (bunkeriser ?) les joueurs de la France (je n’ai pas pu écrire Equipe).

Pas de suspense, à plusieurs kilomètres de Pesula c’est une armée qui me demande de rebrousser chemin. Tant pis, je voulais seulement dire aux bleus de faire attention au Mexique et d’être gentils les uns avec les autres à la mi-temps du match. Tant pis.

Cape Town, ça change tout.

J’arrive au Cap. La ville est prenante. De la modernité, des couleurs, de l’histoire, de la magie.

Ce soir les Bafana affrontent l’Uruguay pour leur seconde rencontre. La ville est en feu. Le bar/club voisin de mon hôtel affiche surpeuplé. C’est sur les escaliers que j’arrive difficilement à me positionner entre une marée de maillots jaunes. L’ambiance est incroyable, tout le monde a sorti l’uniforme, un drapeau sud-africain imprimé sur le visage, sur la cheville et j’en passe…

Ni le premier, ni le second, ni le troisième but de Forlan et ses amis ne réussissent à terrer des capetowniens venus faire la fête. Côté foot la messe était dite, mais côté pistes tout restait encore à faire, et Capetown l’a très bien fait.

Jour de match

Ce soir, des anglais qui n’ont pas convaincu face à des américains affrontent des algériens qui n’ont pas mieux réussi contre les slovènes.

Mais ça c’est le soir.

D’ici là, l’idée est de mettre le foot entre parenthèses et d’aller faire les classiques Capetowniens : Visite de Robben Island avec en apothéose la cellule qui a « hébergé » Mandela pendant tant d’années, petit tour en bus touristique pour appréhender la ville, et bien sûr téléphérique sur Table Mountain à plus de 1 000m d’altitude pour écarquiller les yeux face à la splendeur.

Ça c’est dans la théorie. Sauf que tous les algériens et tous les anglais ont eu la même idée que moi.

Alors quand tu es devant la cellule de Mandela, dans un moment plein de solennité tout proche de saisir quelques soupçons de bout d’Histoire et que tu vois un gars jeter un drapeau vert et blanc sur la couchette de Nelson et qui crie avec tous ses amis : « Wane tout tri, Mandela l’Algérie », tu as presque envie de chanter avec eux… c’est un truc sympa.

Sur le toit ouvrant du bus, c’était la même chose ! et sur Table Mountain, on avait l’impression que les algériens étaient les premiers à l’avoir découverte, et chacun y allait en plantant son drapeau sur la montagne, un peu comme Armstrong sur la lune. Je n’ai pas osé leur dire que des hollandais étaient passés par là il y a quelques siècles.

Soir de match

Mais qu’importe, s’il y a un lieu à conquérir en ce jour, c’est bien le Green Point Stadium du Cap. Une enceinte magnifique de modernité, au pied de l’océan. Et à ce jeu-là, avantage aux British. Les maillots rouges qui ont été quelque peu éclipsés par la ferveur algérienne durant la journée reprennent le dessus à l’entrée des deux équipes.  L’écart se creuse entre les sept ou huit milles algériens et les dizaines de milliers d’anglais lorsque ces derniers entonnent en chœur, et en frissons, « God Save the Queen ».

Mais très vite, c’est le terrain qui donne le ton. Ziani et les siens font plus que se défendre pendant que Rooney, star annoncée, fait douter ses supporters les plus croyants.

Comme le Maroc en 1986, les algériens tiennent les anglais en échec en faisant bien plus que se défendre. Prometteur pour la suite ?

Pour la suite de la soirée, oui ! Algériens, anglais et autres voyageurs du foot se retrouvent main dans la main, dans les rues festives de Cape Town.

Beau temps, beau match, beau stade, belle ville, belle fête.  Que peut demander le peuple… sinon des buts…

Don Koufra


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