8e de finales de la Coupe du Monde de la FIFA, Maroc 2010

Par Qerd Mamass

Le Maroc est en ébullition. Pour la 1ère fois depuis 1986, les Lions de l’Atlas passent le premier tour de la plus prestigieuse des compétitions. Tout le pays est uni derrière ses Lions, qui affrontent une équipe à leur portée : la Corée du Sud.

 L’avant-match

 Tout le monde est là. Sa Majesté a fait le déplacement tandis que le lobby Maroc 98 est venu soutenir le 11 national. On aperçoit notamment en tribunes les anciennes gloires qui nous ont fait rêver : le double-mètre de Tahar El Khalej (Southampton), la CCNI (coupe de cheveux non identifiée) de Youssef Rossi – le seul Marocain qui a un nom d’Italien, Lahcen Abrami et Rachid Neqrouz, les rastas d’Ismaïl Triki et les frisettes de Salaheddine Bassir.

Côté terrain, le Maroc se présente au complet. Zaïri retrouve un poste de titulaire et arbore une karreïa comme on n’en voit que dans les clips de Rachid Taha, tandis que le fameux Rachid Taha est en tribunes pour le soutenir.

 Côté sud-coréen, du classique et de l’homogénéité : 4 Lee, 4 Kim et 3 Park.

Le match

La tension est palpable sur le terrain. Qui dit 8e de finales dit élimination directe et l’enjeu est énorme pour des marocains qui ont à cœur de ne pas se trouer devant leur public. Celui-ci est d’ailleurs venu en nombre pour soutenir les Lions face à ceux qu’ils appellent les Honda. Japon – Corée, même combat par chez nous.

Les premières minutes sont d’un ennui mortel : les marocains font tourner tandis que les Coréens ne font aucun pressing. Le public, inarrêtable, entonne des « olé » à chaque passe mais se rend vite compte de la stérilité du jeu. La 1ère mi-temps passe péniblement sans action à se mettre sous la dent. Hadji est perturbé, hésitant entre la prise de risque offensive ou la sécurité défensive, si l’on peut appeler Karkouri-Benatia de la sécurité défensive.

Finalement aucun changement n’aura lieu et le match reprend sur le même rythme, c’est-à-dire aucun. Les deux coaches ont beau haranguer leurs troupes, les joueurs semblent décidés à ne pas prendre de buts, quitte à n’en marquer aucun. Sans surprise, l’arbitre siffle la fin du match et le début des prolongations.

C’est donc parti pour 2 périodes de 15 minutes. La fatigue aidant, le jeu commence à se débrider. Les offensives sont de plus en plus dangereuses des deux côtés, et sur une belle combinaison à 3 Kim-Lee-Park, la frappe de ce dernier finit au fond. On joue la 115e minute et le Maroc est mené. Le public, désabusé, commence à quitter le stade face à ce spectacle déplorable tandis que les plus rageux entonnent des « Zidouhoum, zidouhoum, hadchi maï kfihoumch ». Pourtant, ce but coréen va réveiller les joueurs locaux qui savent qu’ils n’ont plus le choix. A la 120e et dernière minute, Taarabt obtient un corner. Il le frappe lui-même mais le ballon est repoussé par la défense adverse. Il atterrit dans les pieds de Mickael Chretien Basser qui place une reprise de volée instantanée dans les filets de Kim (ou Lee, je sais plus).

Le stade explose et remasterise un ancien tube marocain : « Basser, Basser, ouh ouh ! ». Le vrai Bassir, Salaheddine, le prend pour lui et se lève pour remercier le public. Abrami, vexé de ne pas avoir la même reconnaissance, insulte Bassir qui s’avance pour lui répondre vigoureusement. Le public se désintéresse complètement du match pour suivre ce nouvel affrontement, bien plus excitant malgré l’égalisation miraculeuse des joueurs marocains. Le public est divisé : les « provinciaux » et rajaouis prennent fait et cause pour Bassir en continuant les « Bassir, Bassir, ouh ouh » tandis que le cœur wydadi du Mohamed V bat au rythme des « Abramiiii, Abramiiii ». Finalement, Youssef Rossi, en bon ancêtre de Talal El Karkouri, dégaine les menaces à l’encontre des deux anciens qui arrêtent immédiatement les frais. Karkouri, ça fait peur, Rossi, c’est censuré.

Le jeu peut reprendre sur le terrain mais pour quelques secondes seulement puisque l’arbitre siffle déjà la fin du match. Oui, les deux équipes vont devoir se départager aux pinantys. Hospitalité oblige, et surtout tirage au sort oblige, ce sont les coréens qui vont commencer la série.

Par souci d’équité, le sélectionneur asiatique a décidé que tireraient 2 Park, 2 Kim et 1 Lee (voire 2 si on va jusqu’au 6e tir).

Côté marocain, les hommes de confiance de Hadji portent les espoirs marocains : Youssouf Hadji, Marouane Chamakh, Jaouad Zaïri, Mbarek Boussoufa et Mickael Chrétien Basser.

Ca passe pour les 3 premiers coréens, mais le deuxième Kim tire au-dessus. Le public y croit : si Boussoufa score, la victoire est à portée de crampons. Il s’élance et envoie une frappe écrasée pitoyable qui finit dans les gants du portier coréen. Les deux équipes sont à égalité et Lee marque son pinanty : si Chrétien Basser se plante, c’en est fini des espoirs marocains. Le buteur du miracle prend beaucoup d’élan et envoie une grosse mine : Jabulani fait le reste et finit 2 bons mètres au-dessus du but : la Corée l’emporte aux pinantys. Triste match pour une triste défaite.

L’après-match

Salaheddine Bassir : « Merci au public marocain pour sa reconnaissance. Si les chants m’étaient destinés ? Il n’y a qu’un seul Bassir. »

Le public : « Tfou 3ala ferqa »

Mbark Boussoufa : « Kak bal » («Tfou 3ala koura »)

Michael Chretien : « Putain de ballon de merde »

Le mec en panne devant le stade : « Tfou 3ala Honda »

Lee (n°6) : « Tfou Ala titsoua » (« Je suis trop content »)

Merci d’avoir suivi cette Coupe du Monde et merci pour vos encouragements.

Votre serviteur, Qerd Mamass