Eric Gerets, le feuilleton marocain

16 08 2010

(By Mocho Gonzales feat Don Koufra)

Le 5 juillet 2010, après 9 mois d’un faux suspens, le médiocre nouveau « site » de la fédé a finalement accouché de l’arrivée officielle du nouveau patron de notre cher Mountakhab … Eric Gerets rugira pour 4 années à la tête des Lions de l’Atlas !

 Quand prendra-t-il ses fonctions (Il pourrait arriver dès demain, mais il pourrait arriver en novembre également, après que les éliminatoires pour la CAN aient commencé.. voire en juin selon Aljazeera…) ? Quel sera son salaire? Quel est le montant qui a été versé au Hilal pour rompre son contrat ? Quels sont les objectifs qui lui ont été fixés ? Pourquoi avoir laissé la nation sans équipe et sans coach pendant si longtemps ?

Retour sur un recrutement transparent comme de l’eau trouble.

Un nécessaire recrutement

L’info est passée presque inaperçue mais le Maroc a tristement glissé à la 82e place du classement mondial de la FIFA. Une honte pour l’ex meilleure nation africaine ; mais justice au vu de l’état comique dans lequel se trouvait le football marocain depuis 2004, et surtout cette dernière année. Eliminés de tout ce qui bouge, battus par tout ce qui bouge, à domicile comme à l’extérieur, les Lions de l’Atlas n’ont su faire mal à personne, sinon à leurs propres supporters, humiliés (On en est même venus à fêter la qualification algérienne pour le mondial…).

S’en était trop pour les instances dirigeantes qui ont voulu marquer le coup. Mais attention! Pas par une démission collective du bureau (on n’est pas fous !), pas par des sanctions, pas par une autocritique (faut pas déconner non plus !). Non, simplement par la promesse d’un entraîneur de très gros calibre. Et au Maroc, on adore les promesses, et plus c’est gros, plus on y croit (le fameux « Tsawer koun »*). Alors on s’est vite pris au jeu, s’imaginant couvés par un Mourinho, un Lippi, un Hiddink, un Scolari ou autre Luis Aragones…Pendant un an on nous promettait et nous, on espérait. Les autres nations africaines, elles, s’entraînaient, s’observaient, travaillaient, allaient à la CAN, allaient au Mondial…Mais l’attente a finalement eu une fin et rien à redire sur la pertinence du choix.  La fédé nous avait promis un très grand entraîneur pour le Maroc, et la fédé a tenu parole (exploit !) en nommant une pointure pour le Maroc en la personne d’Eric  Gerets. Jusque là tout va bien. Sauf que le scénario est plutôt étrange.

Je viens, je viens pas…

En avril 2010 le site de la RTBF (Radio Television Belge Francophone) annonçait déjà l’arrivée d’Eric Gerets au Maroc pour un contrat juteux avec à la clef un salaire de plus de 250 000 euros par mois. L’escalade médiatique est enclenchée, et chaque média cite sa source super secrète et super bien placée dans la fédé pour appuyer le réchauffement de la piste Gerets. Le problème c’est que pendant tout ce temps, et la fédé et Eric Gerets balayaient sans équivoque la possibilité d’une arrivée du technicien belge sur le sol marocain (Le 2 mai 2010, Eric Gerets annonçait : « Le Maroc ne m’intéresse pas »). Et juste au moment où on commençait à les croire, le verdict est tombé : Le Lion de Rekem sera le nouveau coach de notre Mountakhab. A n’y rien comprendre !Mais pourquoi tant de secrets ?

Un timing d’annonce plus qu’incompréhensible : Respecter le contrat du technicien avec son actuel employeur (Al Hillal) est une chose, mais quel est l’intérêt d’une annonce en Juillet plutôt qu’en janvier ? A l’heure où nous écrivons, Eric Gerets demeure sous contrat jusqu’en juin 2011, avec un club qui est toujours en course en Ligue des Champions asiatique. Les marocains qui étaient sceptiques quant à l’avenir de leur sélection ne se voient pas franchement rassurés…

Des histoires de gros sous

Si on ne nous dit pas tout, on peut tout de même deviner que la Fédé trouve indécent de communiquer sur la rupture de contrat de Gerets, parce que celle-ci pourrait avoir coûté la peau des fesses. Il semblerait que le club d’Al Hilal n’ait pas vraiment consenti à libérer le coach. On peut donc supputer, sans prendre de gros risque, qu’Al Hilal n’a pas laissé partir Gerets sans contre partie financière… C’est là l’une des premières réponses que l’on souhaiterait avoir.

Doit-on rappeler que Gerets a quitté Marseille pour des histoires d’argent ? On ne part pas en étant le héros de toute la cannebière en direction de l’Arabie Saoudite simplement pour un projet sportif. De la même façon, on peut penser qu’on ne refuse pas d’aller au mondial avec la Côte d’Ivoire, d’entraîner Bordeaux, voire l’équipe nationale de Belgique simplement pour avoir le plaisir de coacher Talal el Karkouri et Amine Erbati.
Il a donc certainement fallu sortir le chéquier pour enrôler Gerets (on parlerait même de « subventions » externes à la fédé pour payer ce gros cachet qui se profile). Là encore on ne nous dit rien.

L’instinct du marocain nous pousserait à penser que Gerets n’est surement pas parti d’Arabie Saoudite pour gagner moins d’argent. Les médias parlent de quelques 250 000 euros par mois ! Rien n’est trop cher pour la 82e nation du foot, pays au seuil de la misère, qui se paierait alors le luxe d’avoir le second sélectionneur le mieux payé du monde derrière Sir Capello !

La pilule sera d’autant plus difficile à avaler si on se penche plus en détail sur la fonction de sélectionneur : une quarantaine de journées de travail annuelles contre plus de 300 pour un coach de club…Donc qu’en est-il au juste aujourd’hui ? Gerets aurait-il revu à la baisse ses émoluments, à l’idée de se rapprocher de l’Europe lui permettant ainsi de jongler avec différentes autres occupations rémunératrices (Consultant Canal+…) mais aussi de profiter de sa belle demeure marseillaise ?  et la fédé a-t-elle au moins pris le soin d’inclure un contrat d’objectifs ou faudra t-il encore casser la tirelire pour payer un éventuel licenciement ? Là encore, les réponses sont simples, et nous les exigeons !

Un flou qui ne rend service à personne

Toujours pas de Gerets en fonction, mais la machine médiatique s’est déjà emballée comme en ont attesté les gros titres de la presse marocaine…Gerets va devoir très vite montrer son visage et s’exprimer, et en même temps, les résultats positifs  vont devoir être au rendez-vous sans délai pour justifier tant d’éventuelles dépenses, car le courroux du journaliste est une chose, mais il n’est rien face à celui du supporter marocain se sentant floué !

Vous l’aurez compris ce manque d’informations a fait naitre les rumeurs les plus folles…Nous, marocains, aimons certes parler de tout et de rien, mais certaines limites existent à nos sentiments les plus forts qui aujourd’hui sont dominés par l’inquiétude ! Nous en avons marre de supposer et d’imaginer, nous souhaitons des réponses.

Ce silence n’est clairement pas un cadeau pour le Coach. Sans une meilleure communication Gerets cristallisera toutes les attentes du public et sera donc attendu au tournant au moindre faux pas. Pas l’idéal pour fédérer un pays derrière un projet.

Il ne suffit donc pas d’obtenir un Pinanty, encore faut-il le transformer ! La Fédé a l’occasion là de marquer une très jolie panenka en réussissant sa communication, mais elle peut aussi nous faire une Hamdaoui contre le Togo et être prise en grippe par toute une nation… c’est tout ce qu’on ne lui souhaite pas… ou pas encore!

 

*Peut se traduire par « Rien qu’imagine !  »                       


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